23. janv., 2012

Janvier 1999

 Les années Montparnasse, il m’est aisé d’y repenser dans ma quiétude lilloise.

-« Dis, tu te souviens, on voulait être les femmes les plus intelligentes de Montparnasse ? » Je ne sais même plus comment nous avons fait pour y parvenir……Je me souviens du ciel de feu quand il existait .L’écrire me donne un sentiment de plénitude rassasiée.

 La tour, avec autour…..le petit refuge du boulevard Pasteur, derrière toute l’agitation, l’alcôve et la fin des moments d’extase…

Le parfum sensuel des fleurs achetées en ce dimanche de printemps, l’odeur orangée qui embaumait le petit studio, alors que j’étais convaincue de mes sentiments désagrégés. L’odeur surannée des petits plats, rue Delambre , le vin avalé avec délectation au hasard d’une merveilleuse rencontre. Tous ces sentiments qui se perdent dans les vapeurs glauques de mes rêves de l’époque, dans lesquels il y avait souvent des petits triangles argentés empilés sur une table,  au dessus desquels un hibou veillait jalousement à la lueur d’une bougie.

Rêves de conquêtes, enfants en palais mirifiques, trains fantomatiques partant d’une gare, sifflets trompeurs, quartiers enchantés, néons à la dérive……

 C’est parce-que j’ai trop pensé à ces années que « Les portes de la nuit » n’avançaient pas .Je m’éveillais brutalement en me soufflant : «maintenant, tu es dans le Nord». Et le Nord reprenait trop vite le dessus avec ses tourelles , ses beffrois argentés et si rouges, que j’ai eu du mal à effacer, à retoucher à l’extrême, pour qu’ils puissent doucement s’inscrire dans le présent de ma vie. Fini le Pas-De Calais avec ses tombées de nuit sur les châteaux arrageois….Arras semble loin déjà. Ne m’en reste que des éclats de rire.